Monsieur, c’était une bonne affaire !

La bonne affaire, vous savez, « la Bonne Affaire », celle dont tout le monde rêve ! Un de mes clients l’a faite et il me l’a fait fièrement savoir :

Ecoutez, c’est une 2 litres E targa avec un moteur entièrement refait par un mécanicien de chez Porsche mais……..

Comment ça « mais » ? Il n’y a pas de mais dans une bonne affaire !

…… Le moteur tourne mal mais (tiens encore un mais) le vendeur m’a précisé qu’il s’agissait d’un simple réglage !

Là je dis STOP ! Si le vendeur vous parle d’un simple réglage, dans tous les cas vous devez lui dire : « S’il vous plaît, faites régler le moteur et contactez moi lorsque c’est fait ! »

Mais (un de plus) comme c’était une bonne affaire je l’ai acheté en l’état !

Donc ?

Je souhaite vous ammener l’auto pour que vous puissiez la régler !

Ok, ammenez moi l’auto et je vais l’ausculter ! Et là, c’est le début de la fin qui commence : le seul moyen de faire fonctionner le moteur est d’essayer de le maintenir à 2000 trs/min, ni plus, ni moins, sous peine de le faire caler ! Et dans l’ordre je vais trouver :

Une pompe à injection de 2.4S à la place de celle d’une 2.0E !

Des boitiers papillons HS !

Un vilebrequin qui ne tourne pas librement dans le carter !

Une distribution calée de la même manière sur le banc de cylindres 1-3 que sur le banc 4-6 ! Ainsi le moteur tournait sur 3 cylindres ; comme le montre les photos où l’on peut voir des culasses exemptes de traces de combustion !

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Un pignon d’arbre à cames monté à l’envers ; avec pour résultat une chaine de distribution non alignée qui frotte sur le carter !

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Des pistons avec des gorges de segments trop larges !

un cylindre rayé profondément !

Une mauvaise rectification des culasses, les cylindres portaient sur l’épaulement de la culasse et non sur la portée prévue à cet effet !

Une bielle avec des traces de coups (genre marteau) !

Des culbuteurs usés jusqu’à la moelle !

Un arbre à cames avec une came H.S. !

Des portes arbre à cames usés et marqués (démontage des axes de culbuteurs fait, sans doute avec le fameux « tournevis-burin ») !

Deux conclusions :

1) Le mécanicien de chez Porsche qui a refait le moteur n’a jamais existé. Au mieux c’est le demi-frère du type qui connaissait un mec qui habitait une rue dans laquelle un mécanicien de chez porsche passait en vélo chaque matin !

2) La bonne affaire, il y en a eu une ! Et c’est le vendeur qui l’a faite !